Télémaques
Lauréats 2018/2019
de Alessandro Cassigoli et Casey Kauffman
Yuzu Productions / Arte
de Bertrand Latouche
Les Films du Balibari / France 3
de Floriane Devigne
CFRT Productions / France 2
de Stéphane Roland
Pyramide Production / Obatala / Bip TV
de Marianne Bressy
Les Films de l'Autre Côté / TVR Rennes 35 Bretagne / Tébéo / TébéSud
Lauréats 2017/2018
Paris Xe
de Ruth Zylberman
Zadig Productions/ArteParis Xe
Saisir sous l’apparente stabilité des lieux de vie et des architectures les destins humains d’habitants lors de la Seconde Guerre mondiale, tel est l’enjeu du documentaire de Ruth Zylberman. Après avoir choisi dans un hasard construit l’immeuble du 209, rue Saint- Maur, Paris Xe, la réalisatrice se lance dans quatre années de travail dans les archives et de recherches, partout dans le monde, des survivants de cet immeuble. Le dispositif filmique s’attache à faire émerger en direct les souvenirs de ceux qui se sont appliqués à tout oublier. En même temps que se délient les mémoires, il se construit une autre vision de l’Histoire, associant passé et présent.
de Dante Desarthe
Les Films du Poisson/ArteAprès Jean Boyer en 1951 et Pierre Tchernia en 1997, c’est au tour de Dante Desarthe d’adapter la nouvelle de Marcel Aymé, Le passe muraille, l’histoire d’un employé de bureau qui se découvre le don de passer à travers les murs. Investissant tout l’espace laissé à l’imagination par l’auteur de cette courte nouvelle pleine de mystères, le réalisateur en propose une adaptation contemporaine qui respecte toutefois la tonalité de l’œuvre originelle. À travers le personnage – créé de toutes pièces – d’Ariane, nouvelle stagiaire fraîchement arrivée, Dante Desarthe cristallise ses interrogations sur l’apparente contradiction entre réalisme et fantastique, au cœur de son écriture et de sa réalisation.
de Jean-Michel Djian
Nilaya Productions/France 3Adaptation documentaire de son propre ouvrage, Élysée, la solitude du pouvoir de Jean-Michel Djian traverse plus d’un demi-siècle d’histoire politique française. À travers l’utilisation d’archives photographiques ou animées pour la plupart déjà connues des téléspectateurs, il s’agit alors pour le réalisateur de donner une profondeur nouvelle aux images, au service de son discours, en installant une tension dramatique entre archives, interventions de spécialiste, musique discrète mais permanente et commentaires en voix-off prenant de la hauteur et soulevant des incertitudes.
de Julie Gavras
Zadig Productions/KG Productions/ArtePendant treize années, à intervalles réguliers, Julie Gavras a filmé huit élèves du lycée Victor-Duruy, dans le VIIe arrondissement de Paris. Dans un dispositif frontal très simple, chacun d’entre eux revient sur le chemin parcouru depuis le dernier rendez-vous. Au fil des ans se nouent entre les lycéens et la réalisatrice des liens de plus en plus forts qui leur donne la possibilité de se livrer en toute sincérité, de l’adolescence à l’âge adulte, de l’année du bac au premier boulot, en passant par les années d’études, et parfois d’errances. Au bout de treize ans, l’aventure personnelle devient un projet documentaire, et il s’agit alors pour Julie Gavras d’entamer un long travail de montage afin de construire un portrait de groupe significatif, lui-même constitué de portraits individuels puissants.
de Frédéric Brunnquell
Chasseur d’Étoiles/France 2Avec pour point de départ un rapport de l’Unicef consacré l’impact psychologique de la précarité économique sur les enfants, il aura fallu plus de deux années de préparation et de tournage à la productrice Anne Gintzburger et au réalisateur Frédéric Brunnquell pour finir Enfants du Terril. Souhaitant aborder ce sujet grave à travers l’insouciance de l’enfance, ils entament un long travail d’approche des familles vivant dans le quartier du 12/14 à Lens, avant de concentrer leur attention sur celle de Loïc, un jeune collégien d’une quinzaine d’années, déscolarisé pour cause de phobie scolaire. A plusieurs reprises, ils reviennent pour quelques semaines de tournage sur place à suivre le jeune homme, sa mère, son frère, avec attention, pudeur et patience.
Lauréats 2016/2017
de Marie Drucker
What's Up Films / France 2Détenues marque pour Marie Drucker, journaliste de profession, le démarrage d’une nouvelle vie professionnelle celle de documentariste. Pour ce faire, elle choisit un sujet de société : les femmes en prison. Dès lors comment traiter ce sujet ? Plusieurs possibilités s’offrent à elle : s’attacher aux conditions de détentions, à la vie en prison, aborder les rapports entre les prisonnières et le personnel pénitentiaire… Mais Marie Drucker ne fait pas ces choix. Plus que la prison, ce qui l’intéresse, ce sont les détenues en tant que personne. En s’appuyant sur ces portraits de femmes, elle souhaite susciter un questionnement, une réflexion, s’interroger sur la manière d’en arriver là ; comment assumer l’irréparable ?
de François-Xavier Destors et Marie Thomas-Penette
Idéale Audience / ARTE / La ScamDécouvrant le football étroitement lié au génocide du Rwanda, François-Xavier Destors et Marie Thomas-Penette décident d’en raconter l’histoire. Des archives étonnantes - depuis la colonisation et l’arrivée du football au Rwanda sont mêlées à des interviews touchantes d’anciens champions du pays et offrent une approche sensible et complexe des évènements. Parcourant les stades et les récits, ce documentaire aborde résolument différemment le génocide.
de Eve Duchemin
Sister Productions / ARTEPlus que le portrait d’une directrice de prison, c’est celui de Marie, jeune femme de 35 ans. Filmer dans la prison, cette femme solide – fonction oblige - ne compte pas ses heures ; au détriment d’une vie personnelle. Sans voyeurisme ni pathos, la relation de proximité qui lie la jeune femme à la réalisatrice, lui permet de fendre l’armure, offrant un portrait délicat où les non-dits parviennent toutefois à se faire entendre…
de Bénédicte Delmas
Chasseur d’Étoiles/France 2Bénédicte Delmas est profondément touchée par la cause féminine. C’est en lisant une biographie de Simone de Beauvoir qu’elle découvre l’existence de foyers pour mineurs enceintes. Dans l’un d’entre eux, les pensionnaires soutenues par le MLF y faisaient une grève de la faim pour dénoncer leurs conditions. Particulièrement frappée par l'âge des jeunes filles, et par la violence du bras de fer dans lequel elles s'étaient lancées, la réalisatrice souhaite raconter cette histoire sous la forme d’une fiction. Du scénario à la réalisation, Bénédicte Delmas n’aura de cesse de porter ce projet. Il lui faudra plus de 10 ans pour faire exister Elles…les filles du Plessis !
de Yves Jeuland
La Générale de Production / France 3Des images du Président de la République nous en voyons tous les jours, au journal télévisé notamment. Yves Jeuland est documentariste. Son ambition est de livrer une autre histoire avec d’autres images que celle de l’actualité. Dans sa manière de tourner mais aussi dans les images qu’il choisit de conserver au montage, le hors-champ et le contrechamp sont de mise. Tant dans la forme de ces images, que dans ce qu’elles révèlent, le réalisateur offre un autre regard depuis l’envers du décor de l’Elysée.
Lauréats 2015/2016
de Nino Kirtadze
Zadig Productions / ARTEMais comment est-ce possible ? S’agirait-il d’une fiction ? On se surprend à vérifier la présentation de ce film tant on est déstabilisé par sa forme et son récit. Catalysant les situations, la réalisatrice provoque des évènements susceptibles de révéler le réel. Un tantinet burlesque, noire parfois et drôle souvent, cette plongée au cœur de la Géorgie, commence par un IRM, celui qu’effectue Levan, protagoniste du documentaire. Cet examen est le premier qu’il passe. Beaucoup d’autres suivront. Depuis des diagnostics parfois incompréhensibles en passant par les médecines parallèles, s’accumulent les angoisses, les problèmes et les remises en cause.
de Laure Pradal
Pages et Images Productions / France 3Ce documentaire aurait pu revenir sur le meurtre d’Adelaziz Jhilal, petit dealer de cannabis tué de 108 coups de couteau en 1997 à Lunel (Hérault). En effet treize ans plus tard et alors qu’Abdelkader Azzimani et Abderrahim el-Jabri avaient été condamnés à vingt ans de réclusion, un manutentionnaire et le directeur de centre de loisirs, trahis par leur ADN, reconnaissent leur propre culpabilité. Un procès en révision est décidé. Plutôt que de tenter une reconstitution des faits, Laure Pradal suit le déroulement de ce procès en accompagnant, presque au jour le jour, la fratrie d’Abdelkader Azzimani, combative et dont les membres se sont partagés les tâches. Après un dernier suspens la justice reconnaît qu’il s’est bien agi d’une erreur judiciaire. A l’avenir, la famille Azzimani pourra-t-elle encore croire à la justice de son pays, la France…
de Xavier Muntz
Premières Lignes / ARTELe Mont Sinjar est encerclé par les forces de Daesh. Les kurdes sont assiégés. Au péril de sa vie, le réalisateur s‘immerge dans des conditions extrêmes, celles que partagent ces kurdes qu’’ils soient trucs, syriens, irakiens, … unis pour se défendre face à l’État Islamique. Piégé sur la montagne, Xavier Muntz ne peut faire marche arrière. Il ne comprend pas le kurde et les difficultés d’accès à l’électricité rendent particulièrement compliquée l’utilisation de son matériel : caméra, cartes vidéo, ordinateur, etc… Malgré ces contraintes de tournage, le réalisateur, animé par l‘éthique, faire preuve de rigueur en s’attachant à rester toujours au plus près du réel. Ce documentaire témoigne, sans pathos mais avec émotion, du quotidien de ces hommes et de ces femmes dans cette guerre de terrain ; un combat qui n’est pas sans évoquer celui de David contre Goliath.
de Thierry Machado
WINDS / France 2Ce documentaire animalier est le résultat d’une épopée motivée par un challenge ambitieux, celui de filmer des éléphants et leur environnement la nuit, faire découvrir la poésie de la vie d’une faune nocturne. Mais depuis les images thermiques aux caméras à très haute sensibilité en passant par l’infrarouge, il n’existe, au démarrage de ce film, aucun moyen technique pour y parvenir. Ce documentaire est tant l’aventure d’une famille d’éléphants traversant l’Afrique à la poursuite de l’eau que celle d’une équipe de tournage, de ses tâtonnements et expérimentations pour rapporter les images qui révèleront une magie et des connaissances encore inexplorées.
de Vincent Maillard
France 2Comment suivre les parcours personnels de pêcheurs exposés aux mutations de leur métier devenu une activité industrielle de dimension internationale, tout en traitant dans le même documentaire de la manière dont se pratique maintenant la pêche au thon ? Telle est la question à laquelle s’attèlent le réalisateur et son monteur. Le film se concentre sur les personnages déjà filmés pour un numéro d’Envoyé Spécial en 1992, qui ont vécu et connu toutes les conséquences, sur leur propre vie, de cette évolution. En même temps Vincent Maillard filme les nouveaux acteurs de cette pêche au Japon. Pour transcender le sujet, il retrouve le ton du western, déjà présent dans le reportage de 1992. Ce ton et l’atmosphère que cela génère rend compte de la violence des faits et de l’évolution de la pêche. Il porte à s’interroger sur ceux qui la subissent, mieux que ne l’auraient fait des témoignages ou des commentaires… tout en introduisant un soupçon d’humour face à des personnages qui incarnent à merveille les héros de westerns.
Lauréats 2014/2015
de Yves Angelo
F comme Film / ARTE
de Philippe Baron
Pois Chiche Films / France 3
de Olivier Boucreux
Galaxie Presse / France 2
de Gilles Cayatte
Zadig Productions / France 2
de Jean-Michel Carré
Les films du grain de sable / France 2
Lauréats 2013/2014
de Pauline Horovitz
Quark Productions / ArteTraiter du genre féminin, en s'attachant à n'y apporter aucune réponse, dans un documentaire pour la télévision, apparaît comme une gageure. Pauline Horovitz choisit de l'aborder par des interviews de ses proches. Pas question pour autant de s'appesantir sur chacun, tels des portraits, ni sur leurs dires, tels des témoignages. Les échanges s'engagent à partir de la sentence fameuse de Simone de Beauvoir « On ne naît pas fille, on le devient». Ils sont tournés plein cadre sur des fonds d'image en apparence spontanés, en réalité murement composés, faisant accéder chaque personne familière, au statut de personnage. Partant du thème, l'attention du spectateur est ainsi captée par ce qu'il voit. Ce qui confère au documentaire une intensité visuelle particulièrement attachante.
de Carine Lefebvre-Quenell
Point du Jour / France 3La réalisatrice, familière du village de Vallières, apprend le départ à la retraite de son boucher. Un désir, presque voyeuriste, de voir ce qui se passe en cuisine et chambre froide, la pousse à initier ce documentaire. Au désespoir du boucher et de sa femme, il semble alors plus que probable qu'aucun successeur ne viendra reprendre leur commerce. Sans doute un souhait commun de transmettre, que tout ne s'arrête pas là, unit la réalisatrice au couple Touny lorsque ce dernier accepte d'être filmé dans son quotidien. Jean-Marc travaille à l'ancienne. Il s'agit de montrer les manières de faire et de vivre des Touny tandis qu'ils préparent leur départ. Cependant, cette dernière année de travail sera porteuse de rebondissements inattendus...
de Henri Helman
Alchimic Films / France 3Ce film, Henri Helman le porte depuis plus de 30 ans. L'auteur et réalisateur entend rétablir l'image de Louis XI, une image réduite à l'idée d'un homme cruel et tortionnaire. Se défendant d'être historien et affirmant son statut d'homme d'image, Henri Helman, s'intéresse à la personnalité du roi. Il veut montrer l'homme. Ce film pose un nouveau regard sur le monarque et s'attache à révéler un personnage complexe, aux facettes multiples, un homme qui a uni la France, inventé la poste, amélioré les voies de circulation. La dimension théâtrale dans le jeu des acteurs et dans le choix d'un huis clos offre une ambiance de tension où la parole de tous est mise en doute. Entre lumière et obscurité, stratège et complot s'affrontent...
de Sophie Révil
Escazal Films / Elzévir Films / France 2Ce film raconte l'histoire de Hugo, petit garçon autiste asperger qui grandit et devient un adulte accompli. Les obstacles qu'il rencontre tout au long de sa vie, le combat de sa mère, se retrouvent dans les récits de très nombreuses personnes autistes aujourd'hui en France. Ce docu-fiction de Sophie Révil propose un nouveau regard sur ce handicap. Loin des clichés habituels, nous découvrons des personnages tant étonnants qu'attachants. Entre archives historiques, interviews et fiction, la réalisatrice dévoile, avec émotion, des parcours surprenants, aux obstacles multiples et aux succès possibles.
la banque qui dirige le monde
de Jérôme Fritel
CAPA Presse / Artela banque qui dirige le monde
Après des années de grands reportages, Jérôme Fritel a pour ambition de s'attacher à la crise et à la finance, en tant que réalisateur. Cette tentative constitue pour lui une première expérience de documentariste. Le personnage principal s'impose ; il s'agit de la banque Goldman Sachs. Les pratiques de cette banque tentaculaire et leurs effets sont évoqués à travers les témoignages courageux d'anciens de Goldman Sachs et d'acteurs du monde économiques. Mais comment mettre la finance en image ? C'est en filmant les lieux marqués par les pratiques de cette banque que le réalisateur parvient à la représenter. Véritables portraits de chacune des villes concernées - New York, Londres, Athènes, Paris, Bruxelles - entre figuration et abstraction, réalisés de façon artisanale mais avec une étonnante virtuosité, avec un chef opérateur particulièrement talentueux et un chef électricien particulièrement créatif, Jérôme Fritel révèle les mécanismes qui ont conduit à la crise internationale.
Lauréats 2012/2013
de Hélène Milano
Comic Strip Production / France 3Ce documentaire repose sur des interviews de jeunes filles. La simplicité et la profondeur dont elles font preuve donnent lieu à des propos particulièrement touchants. La réalisatrice nous plonge au coeur du ressenti de ces adolescents de 13 à 18 ans issues de banlieues parisiennes et marseillaises. Par un regard bienveillant, Hélène Milano recueille des propos abrupts et sans fard, racontant leur quotidien où l'identité féminine est vécue comme une faille. Ne voulant pas "couper la parole" de ces jeunes filles, la réalisatrice effectue un travail de longue haleine alliant finesse, précision et éthique, nous faisant approcher la personnalité de ces adolescentes, partageant son attachement à chacune et sensibilisant à une réalité préoccupante.
de Claire Devers
Image et Cie / ArteAlors qu'apparaissent les effets des dérives du monde de la finance, avec les conséquences que l'on sait, Arte tient à consacrer un téléfilm à cette question. Claire Devers à qui est finalement confié le projet veut en restituer la rapidité, l'énergie destructrice, à travers les situations qu'elle retient et surtout son personnage principal, comédien du Français, encore peu connu alors et qui va ensuite prendre son envol. Dotée d'un budget très limité, elle réalise un travail de préparation d'une grande précision, a recours à des modalités de tournage limitant au maximum les déplacements de l'équipe - alors que l'action est censée se dérouler à la City de Londres. Elle parvient à expliquer sans ennuyer, à rendre compte de l'état d'esprit particulièrement cynique des acteurs et des décisions, sans diaboliser les personnages. C'est bien le système lui-même qui est montré et démonté.
S4E25 Le Train
de Philippe Triboit
Tetra Média Fiction / France 3S4E25 Le Train
Les options adoptées par les protagonistes de cette série de France 3 ne vont pas dans la facilité. Loin de toute logique manichéen et du héros portant et incarnant la série, modèle auquel se plient pourtant la plupart des séries de télévision, auteur, réalisateurs et producteurs se sont imposés des règles qui déterminent le registre très particulier du Village français. La série se veut "à hauteur des personnages" et aucun de ces derniers de se dégage tel le personnage principal. Dans l'épisode 25 de la saison 4, l'arrêt d'un train de déportés oblige le maire de Villeneuve et les habitants à organiser en tout hâte l'accueil, pour quelques jours, des familles juives. Pour autant, on ne voit aucun apitoiement ni crainte de la part de ces dernières, aucun des personnages n'étant sensé savoir la suite de l'histoire telle que nous, spectateurs du XXIe siècle, la connaissons. Car l'ambition est d'accéder à une vision historique qui n'élude ni la complexité ni les ambiguïtés du quotidien...
de Didier Cros
Zadig Productions / France 2Cet authentique documentaire de Didier Cros apparaît comme une épure. Chaque difficulté rencontrée par la réalisateur n'est pas dépassée tel un obstacle que l'on contournerait, mais comme une opportunité pour aller vers plus de densité. D'où une économie du dispositif si tenue qu'elle génère un trouble à différents niveaux : sur le statut de l'objet audiovisuel - s'agit-il de théâtre filmé, de télé-réalité, d'une fiction, d'un reportage, d'un documentaire... ? De même, elle fait irruption dans la réalité autant qu'elle en rend compte, soulevant par là même la question de la posture du réalisateur, documentariste, journaliste, activiste ? Une telle force résulte d'un tournage de plateau respectant le déroulement réel de la session de recrutement. Il met en outre en scène, en une unité de lieu et de temps, l'ensemble des acteurs : les candidats, le cabinet de recrutement et l'entreprise recruteuse. Une pièce classique en somme avec les moyens et à propos de faits de société propres au XXIe siècle...
Une leçon d'opéra
de Marie Guilloux et Franck Chaudemanche
Morgane Production / France 3Une leçon d'opéra
La réalisation de cette leçon d'opéra initiée par Alain Duault s'est fait à quatre mains, celles de Marie Guilloux à l'affût des jeunes chanteurs et de leurs réactions dans les coulisses, et celles de Franck Chaudemanche qui officiait sur scène. Ella n'a pas donné lieu à difficultés particulières. Cette aisance et la profonde amitié qui lie Ruggero Raimondi et Alain Duault furent-elles favorables au moment de grâce qui nous est offert où les héros de l'opéra de Mozart s'incarnent et deviennent des personnages réels habités par leurs passions et leur ferveur. Ce bel exercice s'avère être bien plus qu'une leçon d'opéra.
Lauréats 2011/2012
de Réjane Varrod
Les Films du Hasard / France 3 NormandieUne plongée au coeur de la maison des adolescents du Calvados à Caen, un partage de moments de vie, et petit à petit, et presque sous nos yeux, s’accomplit la reconstruction d’adolescents fragiles. À partir de l’histoire d’Héloïse, aujourd’hui jeune adulte passée par cette maison, ce film offre un regard positif et lumineux sur le parcours de ces jeunes en souffrance. En effet, pour Réjane Varrod, filmer ces jeunes gens ne peut correspondre à une enquête journalistique mais à une longue période pendant laquelle elle partage des activités, des moments intenses avec tous ceux qui y viennent, y résident et y travaillent. Car ainsi qu’elle l’affirme « Je suis convaincue que filmer des gens ça peut être thérapeutique. Ça dépend comment on le fait, mais moi je le fais aussi pour que ça leur fasse du bien. »
de José Alcala
ADR Productions / ArteFilmer pendant une année la lutte des Molex pour éviter les licenciements boursiers dont ils sont menacés et la fermeture du site, est aussi pour José Alcala célébrer le milieu ouvrier dont il est issu. « La lutte des Molex face au géant industriel sera peut-être une sorte de défi pour l’honneur d’un monde ouvrier en déroute, mais j’ai choisi de vivre cet ultime combat auprès d’eux, dans l’intimité de leur résistance » écrit-il. Ce documentaire est aussi issu des conversations qu’il entretient depuis plusieurs mois avec le réalisateur Pascal Verroust d’ADR Production sur la situation politique et sociale actuelle et sur les résistances à développer. Il est également le fruit d’un travail de montage des plus exigeants puisqu’il s’agit de réduire 110 heures de rushes à 90’, avec toute une galerie de personnages altiers, la complexité de négociations, et des moments de vie innombrables auxquels il s’agit de conserver toute la dignité et la force.
de Myriam Boyer
Cinétévé / ArteDepuis plusieurs années, Myriam Boyer interprète Madame Rosa pour le théâtre, rôle pour lequel elle a reçu plusieurs distinctions. Mais sur scène le nombre des personnages est limité à quatre. Elle souhaite que la plupart puissent être incarnés, retrouver toute la dimension de cette peinture du milieu populaire des années 1950 qu’a dessiné Romain Gary, dont elle est, elle aussi, issue. Telle est la motivation de cette adaptation de La Vie Devant Soi produite par Jean-Pierre Fayer de Cinétévé et coproduite par Arte France. A la différence du tout premier film dans lequel Madame Rosa est interprétée par la grande Simone Signoret, Myriam Boyer s’attache à reconstituer l’époque en tournant dans un lieu unique, immeuble rescapé des années 1950 du quartier Belleville, et à donner toute leur dimension et leur caractère aux personnages du roman en une fresque émouvante éclairée par l’attachement si profond liant Momo et Madame Rosa.
de Mika Gianotti
Les Films du Cyclope / Dynamo Production / France 3Mika Gianotti n’en est pas à son premier sujet sur la justice. Ce thème l’habite. L’injustice, qu’elle se manifeste dans des affaires publiques ou de façon quotidienne et dans des détails de la vie privée, la bouleverse. Une amitié de longue date avec le Président de la Cour d’Assises du Pas-de-Calais lui permet d’envisager le tournage d’un procès d’Assises, sujet rarement filmé, tant les autorisations sont difficiles à obtenir. Poursuivant son projet en dépit des obstacles rencontrés, elle parvient à le monter le grâce à deux producteurs, Philippe Djivas et Djamel Sellani, eux-mêmes étonnés par les autorisations qu’elle a réussi à obtenir et intéressés par le monde de la justice. Pour autant, il n’est pas question d’en faire un film policier, même si l’affaire pour laquelle elle opte est un meurtre. Mais plutôt d’amener le spectateur à s’interroger sur la manière de parvenir à une décision judiciaire et à une réflexion philosophique sur la Vérité.
de Fred Hissbach
Jara Production / France 2À l’occasion d’un tournage sur le 8ème RPIMa de Castres en mission en Afghanistan, les soldats révèlent à Fred Hissbach, le réalisateur, qu’eux aussi font des images avec des petites caméras fixées sur leur casque, leur téléphone portable, images privées destinées à leurs amis et à leur famille. « J’ai tout de suite compris que j’avais un trésor devant les yeux» se rappelle le réalisateur. Car ces images, en très grand nombre, montrent la guerre comme on ne l’a jamais vue, au cœur même des opérations. Après un long travail de classement et de titrage, reste à résoudre d’importantes difficultés. L’armée n’est pas au courant de l’existence de ces prises et les lui révéler risque d’exposer leurs auteurs à de graves sanctions. Les images sont de mauvaise qualité et le son le plus souvent inaudible. Les militaires ont laissé tourner leur caméra, occupés par la mission ou les combats en cours ; les plans sont infinis et les moments de quelque intérêt, des plus fugaces. La réalisation de ce documentaire consistera à résoudre tous ces obstacles, en conservant une position centrale aux images des soldats sans faire appel au voyeurisme du spectateur, registre qui, ici, peut aisément être sollicité face aux dangers vitaux auxquels sont exposés les personnages.